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Instantané de données sur l’itinérance : Santé mentale, consommation de substances et itinérance au Canada

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Introduction

Le présent rapport fait état des principales conclusions concernant la santé mentale et la consommation de substances auprès des personnes en situation d’itinérance au Canada, tel qu’observé au cours des dénombrements ponctuels coordonnés à l’échelle pancanadienne au cours de 2020 à 2022.Footnote 1 Le rapport comprend également une analyse de la prévalence des problèmes autodéclarés en matière de santé mentale et de consommation de substances, ainsi que des expériences d’itinérance chez les personnes touchées.

Contexte

Les recherches antérieures démontrent une incidence et une prévalence importantes à l’égard des troubles de santé mentale sévères chez les personnes en situation d’itinérance que dans la population générale.Footnote 2 Footnote 3 La relation entre l’insécurité du logement et les troubles de santé mentale s’avèrerait bidirectionnelle. En effet, chez certaines personnes, les problèmes de santé mentale précèdent l’avènement de la situation d’itinérance, étant donné qu’ils peuvent nuire à la santé physique, au travail, aux études, aux interactions sociales et au fonctionnement social et cognitif.Footnote 4 Footnote 5À l’inverse, dans de nombreux cas, la santé mentale peut s’aggraver lorsqu’elles sont en situation d’itinérance perpétuelle.Footnote 6 Similairement aux tendances soulevées en matière de santé mentale et d’itinérance, certains indices révèlent une plus grande incidence et prévalence à l’égard de la consommation de substances chez les personnes en situation d’itinérance que dans la population générale.Footnote 7 Par conséquent, il importe de favoriser une meilleure compréhension des caractéristiques et des expériences des personnes qui souffrent de santé mentale et de consommation de substances, au sein de la population de celles en situation d’itinérance au Canada, pour éclairer le développement des politiques et des programmes dans les domaines de la réduction des méfaits et du soutien au rétablissement. Cela pourrait également offrir de nouvelles possibilités pour améliorer l’accessibilité et évaluer la pertinence de la prestation de services.

Données

Les données utilisées dans le présent rapport ont été recueillies au cours des dénombrements ponctuels de 2020 à 2022 qui ont permis de sonder plus de 26 000 personnes à travers 87 communautés et régions au Canada, et ce pour fournir un instantané d’une journée de l’itinérance. Dans le cadre du sondage, les répondants ont été demandés s’ils s’identifiaient comme ayant un problème de santé mentale (p. ex. dépression, trouble de stress post-traumatique, trouble bipolaire) ou de consommation de substances (p. ex. tabac, alcool, opioïdes) au moment du sondage. Il est possible d’obtenir de plus amples renseignements quant aux problèmes de santé, y compris ceux relatifs à la santé mentale et à la consommation de substances, dans le rapport complet.Footnote 8 Les répondants du sondage étaient touchés par l’itinérance dans différents contextes, comme séjourner dans les refuges (40 %), les logements de transition (11 %), les programmes d’hôtels ou de motels (9 %), les établissements de santé ou les systèmes correctionnels (4 %), et l’itinérance cachée, ou demeurer temporairement chez d’autres personnes, car ils sont dépourvus d’une maison (13 %).

Contraintes

Certaines contraintes doivent être prises en compte lors de l’interprétation des résultats contenus dans le présent rapport. Étant donné que les dénombrements ponctuels permettent de recueillir des données sur l’itinérance au cours d’une seule nuit, il est plus susceptible de recenser les personnes en situation d’itinérance ou faisant face à de sérieux obstacles pour sortir de l’itinérance. Par conséquent, les données ponctuelles pourraient entraîner une surestimation de la proportion de personnes en situation d’itinérance qui sont également aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de consommation de substances. Il est à noter aussi que les problèmes de santé sont autodéclarés, ce qui signifie que les personnes ne reflètent pas de façon définitive les diagnostics cliniques et qu’ils ne sont donc pas nécessairement limités par la capacité des répondants d’accéder aux soins de santé. À l’inverse, répondre à la question concernant les problèmes de santé était facultatif. Dès lors, les expériences de problèmes de santé mentale et de consommation de substances peuvent être sous-déclarées en raison d’un inconfort possible lié à la divulgation de renseignements personnels, de la stigmatisation, de la crainte de discrimination ou du manque de sensibilisation à la santé mentale. En raison des multiples sources potentielles de préjugés, les estimations des taux de problèmes de santé mentale ou de consommation de substances parmi les personnes en situation d’itinérance devraient être interprétées avec prudence. Parallèlement, les données du sondage ne fournissent pas un aperçu des personnes aux prises avec ces problèmes particuliers, et ne prennent pas en compte le fait que les répondants pourraient éprouver plus d’un problème de santé au sein d’une même catégorie (p. ex. une personne pourrait souffrir à la fois d’un trouble dépressif majeur et d’un trouble obsessionnel-compulsif, ou d’alcoolisme et de dépendance à la nicotine, etc.).

Santé mentale, consommation de substances et autres problèmes de santé

Au cours des dénombrements ponctuels de 2020 à 2022, les problèmes de santé ont été étudiés pour la première fois au moyen d’une question nouvellement ajoutée au sondage qui a reçu des réponses de plus de 23 000 personnes (ce qui représente un taux de réponse de 87 %). La grande majorité (soit 85 %) des répondants ayant répondu à cette question a déclaré avoir au moins un problème de santé. De ce fait, les problèmes de santé les plus courants chez les répondants sont la consommation de substances (déclaré par 61 % des personnes ayant répondu à cette question) et la santé mentale (60 %). Aux fins du présent rapport, l’analyse de la population des répondants à la question sur la santé est ventilée en sous-populations selon les problèmes de santé et de consommation de substances signalés. En prenant en compte la possibilité de comorbidité – qui se définit comme la coexistence de plusieurs pathologies – ces groupes sont représentés comme suit :

Figure 1. Proportion de réponses obtenues en fonction de l’incidence des problèmes de santé mentale et de consommation de substances (N = 22 159)

Figure 1. Proportion de réponses obtenues en fonction de l’incidence des problèmes de santé mentale et de consommation de substances (N = 22 159)
  • Figure 1 – Version textuelle
    Figure 1. Proportion de réponses obtenues en fonction de l’incidence des problèmes de santé mentale et de consommation de substances (N = 22 159)
    Problèmes de santé Proportion de répondants ayant répondu aux questions relatives à la santé mentale et à la consommation du substances (N = 22 159)
    Pas de problème de santé mentale ni de consommation de substances 27 %
    Seulement des problèmes
    de santé mentale
    13 %
    À la fois des problèmes de santé mentale et de consommation de substances 47 %
    Seulement des problèmes de consommation de substances 14 %

En général, les réponses obtenues quant à la maladie ou les problèmes de santé (40 %), les limitations physiques (35 %) et les limitations cognitives ou les troubles d’apprentissage (33 %) étaient relativement peu fréquentes. Cependant, les répondants ayant déclaré éprouver au moins un de ces problèmes de santé ont affiché des taux beaucoup plus élevés de maladie mentale et de consommation de substances. Selon les résultats obtenus, une maladie ou un problème de santé était associé à une probabilité de 33 % plus élevée de signaler un problème de santé mentale, et de 18 % plus élevée de signaler un problème de consommation de substances. D’ailleurs, une limitation physique était associée à une probabilité accrue de signaler des problèmes de santé mentale (27 % plus élevé) et des problèmes de consommation de substances (20 %). Pour leur part, les expériences d’apprentissage et les limitations cognitives étaient associées à la plus forte augmentation de la probabilité de problèmes de santé mentale déclarés (72 % plus élevé) et de problèmes de consommation de substances (42 %). Ces effets observés peuvent indiquer la multimorbidité des problèmes de santé, ainsi que les conséquences néfastes de l’itinérance et de l’insécurité du logement sur le bien-être mental et physique des personnes.

Caractéristiques démographiques

Âge

La prévalence des problèmes de santé mentale autodéclarés diminuait avec l’âge. Comme le montre la figure 2, 67 % des jeunes de 13 à 24 ans ont déclaré être aux prises avec des problèmes de santé mentale, suivis de 63 % des adultes de 25 à 49 ans, de 53 % des adultes âgés de 50 à 64 ans, et de 40 % des aînés de 65 ans et plus. Les problèmes de consommation de substances autodéclarés étaient les plus fréquents chez les adultes de 25 à 49 ans (dont 67 % ont déclaré avoir des problèmes de consommation de substances), suivis des jeunes (56 %), des adultes âgés (55 %) et des aînés (35 %). De plus, 47 % des jeunes de 13 à 24 ans, 52 % des adultes de 25 à 49 ans, 39 % des adultes âgés de 50 à 64 ans, et 22 % des aînés de 65 ans et plus ont déclaré être aux prises avec des problèmes de santé mentale et de consommation de substances.

Figure 2. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction du groupe d’âge

Figure 2. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction du groupe d’âge
  • Figure 2 – Version textuelle
    Figure 2. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction du groupe d’âge
    Seulement des problèmes de santé mentale À la fois des problèmes de santé mentale et de consommation de substances Seulement des problèmes de consommation de substances
    Aînés (65+) 18 % 22 % 12 %
    Adultes âgés (50 à 64 ans) 14 % 39 % 16 %
    Adultes (25 à 49 ans) 11 % 52 % 14 %
    Jeunes (13 à 24 ans) 20 % 47 % 8 %

Genre

Les personnes de diverses identités de genre étaient plus susceptibles d’avoir des problèmes de santé mentale, qui ont été signalés par 83 % des répondants de diverses identités de genre, comparativement à 66 % des femmes et 55 % des hommes. Les personnes de diverses identités de genre étaient également plus susceptibles d’avoir des problèmes de consommation de substances (66 %), comparativement aux hommes (62 %) et aux femmes (57 %). Cependant, les hommes étaient plus susceptibles de déclarer des problèmes de consommation de substances seulement (18 %), comparativement aux femmes (8 %) et aux personnes de diverses identités de genre (7 %).

Figure 3. Proportion des répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de l’identité de genre

Figure 3. Proportion des répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de l’identité de genre
  • Figure 3 – Version textuelle
    Figure 3. Proportion des répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de l’identité de genre
    Seulement des problèmes de santé mentale À la fois des problèmes de santé mentale et de consommation de substances Seulement des problèmes de consommation de substances
    Personnes de genres divers 24 % 59 % 7 %
    Femmes 17 % 49 % 8 %
    Hommes 10 % 45 % 18 %

Identité 2ELGBTQI+

Les personnes s’identifiant comme membre de la communauté 2ELGBTQI+ étaient plus susceptibles de déclarer avoir été aux prises avec des problèmes de santé mentale et de consommation de substances simultanément (59 %), comparativement à celles qui ne s’identifiaient pas au groupe (45 %). De plus, 19 % des personnes 2SLGBTQI+ ont souligné être aux prises seulement avec des problèmes de santé mentale, comparativement au 12 % des personnes n’appartenant pas au groupe. Par contre, seulement 8 % des personnes 2ELGBTQI+ ont déclaré avoir été aux prises avec des problèmes de consommation de substances seulement, comparativement au 15 % des personnes n’appartenant pas au groupe. Ces tendances persistent dans l’ensemble des groupes d’âge, avec des différences notables dans les taux de problèmes de santé mentale sans problème de consommation de substances chez les aînés (65 ans et plus) et les jeunes (13 à 24 ans). Ces deux groupes étaient 78 % et 71 % plus susceptibles, respectivement, de signaler uniquement des problèmes de santé mentale s’ils s’identifiaient comme faisant partie de la communauté 2ELGBTQI+. Cela peut être lié aux expériences uniques des problèmes de santé mentale et de l’itinérance chez les jeunes 2ELGBTQI+, ainsi qu’aux répercussions traumatisantes persistantes de la discrimination systémique contre la communauté 2ELGBTQI+ et de sa suppression, en particulier celles des générations plus âgées.

Identité autochtone

Les répondants s’identifiant comme étant autochtones étaient plus susceptibles de déclarer des problèmes de consommation de substances (69 %) que ceux non autochtones (57 %), alors que les taux de problèmes de santé mentale étaient similaires (61 % chez les autochtones et 59 % chez les non-autochtones). Entre autres, les répondants autochtones étaient plus susceptibles de signaler d’avoir des problèmes de santé mentale et de consommation de substances simultanément (54 %), comparativement aux répondants non autochtones (43 %). Néanmoins, les répondants non autochtones ont enregistré des taux plus élevés de problèmes de santé mentale seulement (15 %), comparativement aux répondants autochtones (7 %).

Jeune précédemment à charge

Les personnes ayant une expérience en tant que jeune à charge (p. ex. placement en famille d’accueil ou foyer de groupe) étaient plus susceptibles de déclarer avoir été aux prises à la fois avec des problèmes de santé mentale et de consommation de substances simultanément (59 %), comparativement à celles qui n’avaient pas vécu une telle expérience (41 %). Cependant, les répondants avec et sans historique en tant que jeune à charge étaient aussi susceptibles de déclarer éprouver des problèmes de consommation de substances seulement (soit 13 % et 14 %, respectivement). Pour leur part, les répondants sans historique en tant que jeune à charge étaient plus susceptibles de déclarer avoir été aux prises avec des problèmes de santé mentale seulement (14 %), comparativement à celles ayant eu une expérience en tant que jeune à charge (10 %).

Par conséquent, il est nécessaire de tenir compte de l’intersection de l’identité autochtone et les expériences en tant que jeune à charge. Problème qui, à ce jour, persiste.Footnote 9 Juste un peu plus de la moitié des répondants s’identifiant comme autochtone rapportent leurs expériences dans un placement familial, un foyer de groupe, voire un pensionnat, par rapport à 23 % des répondants non autochtones. Les répondants autochtones et non autochtones ayant une expérience en tant que jeune à charge étaient tout autant susceptibles de déclarer des problèmes de santé mentale et de consommation de substances comorbides (60 % et 58 %, respectivement). En revanche, parmi les personnes sans une expérience en tant que jeunes à charge, les répondants autochtones ont enregistré des taux plus élevés de comorbidité que les répondants non autochtones (47 % par rapport à 39 %).

Nouveaux arrivants au Canada

Les nouveaux arrivants au Canada (p. ex. immigrants, réfugiés, demandeurs d’asile) étaient moins susceptibles de déclarer être aux prises avec des problèmes de santé mentale (41 %), comparativement aux autres groupes (62 %). De plus, ces personnes étaient moins susceptibles de déclarer des problèmes de consommation de substances (31 %) que les autres groupes (65 %). Les nouveaux arrivants étaient, par ailleurs, moins susceptibles d’indiquer qu’ils éprouvaient à la fois des problèmes de santé mentale et de consommation de substances (21 %), comparativement aux autres groupes (50 %). En ajout, la population des nouveaux arrivants (10 %) était moins susceptible de déclarer avoir des problèmes de consommation de substances sans problèmes de santé mentale que la population des personnes que les autres groupes (15 %). En revanche, les nouveaux arrivants (20 %) étaient plus susceptibles de déclarer avoir été aux prises avec des problèmes de santé mentale sans problèmes de consommation de substances que les autres groupes (12 %).

Figure 4. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de leur statut de nouvel arrivant

Figure 4. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de leur statut de nouvel arrivant
  • Figure 4 – Version textuelle
    Figure 4. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de leur statut de nouvel arrivant
    Seulement des problèmes de santé mentale À la fois des problèmes de santé mentale et de consommation de substances Seulement des problèmes de consommation de substances
    Pas un nouvel arrivant 12 % 50 % 15 %
    Nouvel arrivant 20 % 21 % 10 %

Vétérans

Les vétérans des Forces armées canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada ont enregistré des taux de problèmes de santé mentale (61 %) et de consommation de substances (63 %), qui étaient assez comparables à ceux des civils (soit 59 % pour les problèmes de santé mentale, et 60 % pour les problèmes de consommation de substances). Aussi, les taux de problèmes de santé mentale et de consommation de substances comorbides ont été soulevés tant chez les vétérans que chez les civils (soit 49 % par rapport à 46 %).

Santé mentale, consommation de substances et expérience en itinérance

Lieux où les répondants avaient passé la nuit

L’incidence des problèmes de santé mentale/de consommation de substances a tendance à être associée à des différences dans les endroits où les personnes sondées séjournaient, comme le montre la figure 5. Les personnes n’ayant pas déclaré des problèmes de santé mentale ni de consommation de substances étaient proportionnellement plus susceptibles de vivre une situation d’itinérance dans les refuges ou les hôtels/motels.

Parallèlement, les répondants ayant déclaré être aux prises avec des problèmes de santé mentale étaient proportionnellement plus susceptibles de vivre une situation d’itinérance dans les logements de transition. Parmi les répondants, ayant déclaré être aux prises avec des problèmes de consommation de substances, certains étaient plus à risque de se trouver en situation d’itinérance cachée.Footnote 10 Enfin, les répondants ayant déclaré être aux prises avec des problèmes de santé mentale, de consommation de substances, voire les deux, étaient surreprésentés dans les lieux extérieursFootnote 11 et les systèmes, y compris les services correctionnels, les hôpitaux et les centres de traitement.

Figure 5. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de l’endroit où ils ont séjourné la nuit

Figure 5. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de l’endroit où ils ont séjourné la nuit
  • Figure 5 – Version textuelle
    Figure 5. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de l’endroit où ils ont séjourné la nuit
    Seulement des problèmes de santé mentale À la fois des problèmes de santé mentale et de consommation de substances Seulement des problèmes de consommation de substances
    Refuges 15 % 41 % 14 %
    Logements de transition 25 % 40 % 9 %
    Lieux extérieurs 6 % 58 % 16 %
    Hôtels/Motels 18 % 39 % 10 %
    Systèmes 5 % 62 % 20 %
    Itinérance cachée 10 % 49 % 17 %

Itinérance chronique

La majorité des personnes sondées au cours du dénombrement ponctuel (71 %) a déclaré avoir été en situation d’itinérance pendant six mois ou plus au cours de l’année précédente. Il s’agit d’un des indicateurs utilisés pour mesurer les taux d’itinérance chronique.Footnote 12 Par ailleurs, il est également important de souligner que les taux de l’itinérance chronique seront toujours plus élevés dans les données ponctuelles que celles recueillies au cours d’une année - étant donné que les personnes en situation d’itinérance chronique sont plus susceptibles de s’y retrouver à moment donné. Footnote 13

Les taux de problèmes de santé mentale et de consommation de substances comorbides étaient à la hausse au sein des personnes en situation d’itinérance chronique (49 %) que les autres (42 %). Ces données semblent être le résultat de taux particulièrement plus élevés en matière de problèmes de consommation de substances, étant donné que ces derniers ont été déclarés par 64 % des répondants en situation d’itinérance chronique, par rapport à 53 % des autres. En revanche, les taux de problèmes de santé mentale étaient similaires, peu importe le statut d’itinérance chronique (soit respectivement 60 % et 57 %).

Âge de la première expérience en itinérance

Les expériences précoces en itinérance ont tendance à être associées à une plus grande incidence de problèmes de santé mentale/de consommation de substances, comme le démontre la figure 6. Les personnes ayant vécu une situation d’itinérance avant l’âge adulte étaient proportionnellement plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé mentale et de consommation de substances comorbides.

Figure 6. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de l’âge et de la première situation en itinérance.

Figure 6. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de l’âge et de la première situation en itinérance.
  • Figure 6 – Version textuelle
    Figure 6. Proportion de répondants au sondage aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances en fonction de l’âge et de la première situation en itinérance
    Seulement des problèmes de santé mentale À la fois des problèmes de santé mentale et de consommation de substances Seulement des problèmes de consommation de substances
    Aînés (65+) 17 % 18 % 10 %
    Adultes âgés (50 à 64 ans) 17 % 30 % 16 %
    Adultes (25 à 49 ans) 13 % 44 % 15 %
    Jeunes adultes (18 à 24 ans) 13 % 49 % 14 %
    Adolescents (13 à 17 ans) 11 % 62 % 11 %
    Enfants (0 à 12 ans) 8 % 62 % 9 %

Raisons de la perte du logement

Les répondants au sondage ont été interrogés sur la raison de leur plus récente perte de logement (ils pouvaient en indiquer plus d’une). La réponse la plus souvent mentionnée était le manque de revenu (28 %), suivie des problèmes de consommation de substance (18 %).

La majorité des répondants n’a sélectionné qu’une seule raison concernant la plus récente perte de logement. Toutefois, les personnes avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances étaient plus susceptibles d’indiquer plusieurs raisons derrière la perte de logement. Alors que seulement 8 % des personnes n’ayant aucun problème de santé mentale ou de consommation de substances ont indiqué trois raisons ou plus pour la perte de logement, 18 % de celles ayant un de ces problèmes de santé ou les deux ont déclaré le même montant de raisons. Ces données pourraient donc révéler un ensemble plus nuancé et complexe de besoins afin de restaurer et de maintenir le logement au sein de cette population.

Les raisons derrière la perte de logement sont complexes, et les facteurs contributifs risquent d’être intersectoriels. Il est important de souligner qu’être aux prises avec un état de santé particulier et vivre en même temps l’itinérance ne signifie pas qu’il y a une corrélation. Parmi les répondants ayant indiqué souffrir de problèmes de santé mentale/de consommation de substances, 22 % citent la consommation de substances et 16 % des problèmes de santé comme raisons de la perte de logement.

En ajout, les répondants étaient de même susceptibles de déclarer les facteurs financiers ou liés au logement comme raisons de la perte de logement, et ce, indépendamment de la présence ou l’absence de problèmes de santé mentale/de consommation de substances. Ceux ayant déclaré avoir éprouvé des problèmes de santé mentale étaient plus susceptibles de citer les facteurs interpersonnels (p. ex. abus, conflits ou éclatement de la famille).

Conclusions clés

En somme, près de trois quarts (74 %) des répondants ont déclaré avoir été aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances. Au total, 13 % des répondants au sondage ont indiqué qu’ils avaient seulement un problème de santé mentale, alors que 14 % ont indiqué qu’ils avaient uniquement un problème de consommation de substances, et 47 % ont indiqué qu’ils avaient à la fois un problème de santé mentale et un problème de consommation de substances.

  • Certaines populations ont démontré des taux plus élevés en matière de problèmes de santé mentale comorbide et de consommation de substances. En général, les taux étaient plus élevés chez les jeunes adultes (âgés de 25 à 49 ans) ainsi que chez les répondants s’identifiant comme étant d’identités diverses, 2ELGBTQI+, autochtones, jeunes précédemment à charge et chez ceux n’étant pas de nouveaux arrivants. Les résultats démographiques ont été comptabilisés dans le Tableau 1 (Annexe A).
  • Les taux de problèmes de consommation de substances étaient plus élevés au sein des personnes ayant vécu une situation d’itinérance chronique au cours de la dernière année (64 % par rapport à 54 %). Les répondants ayant déclaré avoir des problèmes de santé mentale ont signalé des taux d'itinérance chronique semblables à ceux qui n'en avaient pas (60 % par rapport à 57 %).
  • Les expériences précoces en itinérance étaient associées à une plus grande incidence de problèmes de santé mentale comorbide et de consommation de substances (56 % parmi les personnes ayant vécu l’itinérance avant 25 ans). Cette incidence a décliné au sein de celles dont la première expérience en itinérance est survenue plus tard dans la vie.
  • La raison la plus souvent évoquée concernant la perte de logement est l’insuffisance du revenu (28 %), suivie des problèmes de consommation de substances (18 %). Les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale/de consommation de substances étaient plus susceptibles de déclarer plusieurs raisons derrière la perte de logement, ce qui laisse supposer un ensemble encore plus complexe de besoins. Cependant, les raisons financières ou liées au logement concernant la perte de logement ont été déclarées de façon égale, peu importe les problèmes de santé mentale ou de consommation de substances signalés.

Annexe A

Tableau 1. Sommaire des caractéristiques démographiques des personnes en situation d’itinérance par l’incidence des problèmes de santé mentale et de consommation de substances.
Seulement des problèmes de santé mentale À la fois des problèmes de santé mentale et de consommation de substances Seulement des problèmes de consommation de substances Ni santé mentale ni consommation de substances
Jeunes (13 à 24 ans) 20 % 47 % 8 % 25 %
Adultes (25 à 49 ans) 11 % 52 % 14 % 23 %
Adultes âgés (50 à 64 ans) 14 % 39 % 16 % 31 %
Aînés (65+) 18 % 22 % 12 % 48 %
Hommes 10 % 45 % 18 % 28 %
Femmes 17 % 49 % 8 % 26 %
Personnes de genres divers 24 % 59 % 7 % 11 %
2ELGBTQI+ 19 % 59 % 8 % 14 %
Non-2ELGBTQI+ 12 % 45 % 15 % 28 %
Jeunes précédemment à charge 10 % 59 % 13 % 18 %
Jeunes pas précédemment à charge 14 % 41 % 14 % 31 %
Autochtones 7 % 54 % 15 % 24 %
Non-autochtones 15 % 43 % 13 % 28 %
Nouveaux arrivants 20 % 21 % 10 % 50 %
Pas nouveaux arrivants 12 % 50 % 15 % 23 %
Vétérans 12 % 49 % 15 % 25 %
Non-vétérans 13 % 46 % 14 % 27 %
  • Avis concernant les droits d'auteur

    © 2024 sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par le Ministre du Logement, de l'Infrastructure et des Collectivités.

    Catalogue No. T94-60/4-2024F-PDF

    ISBN 978-0-660-74358-5

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